Ces besoins auxquels les terrariophiles ne pourront pas répondre

Introduction

Selon la définition de la terrariophilie, qui consiste à reproduire un biotope en vue de maintenir, voire reproduire des espèces animales et, ou, végétales, le terrariophile cherche à répondre aux besoins physiologiques et biologiques des espèces détenues en captivité que ce soit par hobby, pour des études, ou encore du commerce. Pourtant, certains facteurs ne pourront être adaptés à l’environnement clos qu’est le terrarium.

Les reptiles et amphibiens font preuves d’incroyables capacités de survie, mais surtout d’adaptation. Cela est probablement dû aux faibles besoins nécessaires à leur survie, que l’on parle de paramètres physiologiques ou environnementaux. Ce sont des animaux pour le plus souvent opportunistes, répondant aux cycles, quand il y en a, des saisons et des variations climatiques engendrées.

Les nombreux paramètres cités ci-dessus et les conséquences qui en découlent permettent aujourd’hui d’affirmer que les reptiles et amphibiens se maintiennent bien en milieu confiné.

Parmi les nombreux objectifs que représentent la terrariophilie que l’on pourrait citer:

  1. La possession pour son propre plaisir
  2. Le plaisir d’observer et comprendre des animaux, que l’on ne pourrait peut-être jamais observer dans la nature
  3. Le commerce
  4. La recherche.

La biologie des reptiles est à la fois plus complexe qu’on pourrait ne le penser, mais tout aussi intéressante que l’étude des nombreuses autres formes de vie. Dans la complexité, se trouvent les meilleurs paramètres auxquels un terrariophile ne pourra jamais (réellement) répondre. En voici quelques-uns:


L’espace

ce paramètre est probablement le plus évident, que l’on soit dans le milieu ou non. S’il est vrai que certains individus, voir certaines espèces parcourent beaucoup moins de distances que d’autres, je pense notamment aux viperidaes, les mâles parcourent toujours plus de distance dans la nature, entre autre en période de reproduction que ne peut en offrir un terrarium. Le problème de l’espace apporte d’autres problèmes d’ordres physiques/musculaires mais également liés à la dépense énergétique qui est alors souvent trop faible et qui peut engendrer des problèmes d’obésités.

Terrarium

Les cycles saisonniers

A moins de détenir une espèce locale ou dont les paramètres environnementaux naturels sont similaires, permettant une détention dans un terrarium de jardin plus grand qu’un terrarium classique et spécialement conçu pour maintenir une espèce, le terrariophile sera malgré tout toujours dépendant de l’environnement du reptile. Difficile donc pour une espèce exotique d’avoir, dans l’espace qu’offre le terrarium des cycles saisonniers tels que la sécheresse ou la mousson , avec les modifications que cela apporte sur le biotope.

Ghâts occidentaux – le 28 mai
Ghâts occidentaux – le 28 août

Des comportements qui ne pourraient majoritairement être connus des éleveurs qu’au prix d’études de terrains réalisées par les scientifiques, parmi lesquels on peut parler de migrations ontogéniques (le Python vert, Morelia viridis en est un bon exemple, vivant en lisière juvénile et s’enfonçant dans la forêt en grandissant), le choix du site de prédation des Echis, régit plus par la probabilité d’avoir des cachettes et la présence de proies, que la preuve même de présence de ces dernières. On pourrait également parler du comportement des crotales de l’Ouest (Crotalus oreganus helleri), qui semblent préparer « le terrain » à l’attaque au passage d’une proie. De nombreux autres comportements sous-jacents existent pour chaque espèce et genre et un certain nombre ne pourront pas être reproduits en terrariophilie.
L’espace offert ainsi que les méthodes de distribution de proies, de formations de couples, et de nombreux autres comportements ne peuvent être naturellement produits par les individus captifs.

Forêt d’Auckland, en Nouvelle-Zélande – source: http://www.aucklandbotanicgardens.co.nz/our-gardens/native-forest/

La variation nutritive

C’est également un autre point crucial et qui est plutôt dirigé par un problème logistique. En terrariophilie, la souris blanche (Mus musculus) est dans la majorité des espèces ophidiennes la première source de nourriture. La source nutritive naturelle est plus complexe dans la nature, y compris dans les milieux arides. Cette variation apporte les nutriments nécessaires au développement des espèces et elle ne se retrouve pas dans le cadre de la terrariophilie. Même sans plus approfondir les recherches pour cet article, ce point est surement l’un des points prioritaires concernant la perte de coloration des individus et l’affaiblissement des générations à venir.

Mus musculus

Le suivi génétique

Il n’est pas directement lié à un besoin direct de l’animal en tant qu’individu, cependant la terrariophilie résorbe la sélection naturelle en offrant à des individus faibles la possibilité de se reproduire, multiplie les cas de consanguinité, affaiblissant la génétique ce qui, hypothétiquement, amènerait à la disparition d’une espèce devenue stérile. Ces points sont pour l’heure théoriques.

Fruits de variations génétiques

Conclusion

Est-ce qu’interdire la pratique de la terrariophilie serait une solution ? D’abord, son autorisation limite les prélèvements in-situ, déjà trop nombreux, ensuite, elle apporte également des connaissances qui peuvent servir puisqu’elle est à la fois utilisée par les chercheurs dans leurs études, mais que ces derniers peuvent aussi se baser sur des événements terrariophiles pour obtenir des individus né en captivité, ce qui pourrait limiter dans certains cas des pratiques tels que les captures / marquages / re-captures.

Enfin, elle pourrait fournir aux banques de sérums des sources de toxines non négligeables et à plus faibles coûts que les mesures déjà misent en place. Ceci devrait bien entendu être fait sous une réglementation spécifique pour que toutes les mesures liées aux déplacements (qui engendrent du stress), et aux prélèvements soit faites dans les meilleures conditions possibles.