5 Questions à se poser pour le bien-être de son serpent

Introduction

Il est naturel de se plaire à penser que le terrarium de son serpent lui suffise et corresponde à ses besoins. La lecture régulière de découvertes scientifiques, de connaissances sur leur l’écologie et les moeurs de ses ophidiens devrait permettre à chacun de se remettre en question sur les conditions de détentions adaptées. Malheureusement, trop peu sont les terrariophiles à lire de tels documents ou à se remettre en question. Nous prenons ici 5 questions que l’éleveur pourrait se poser pour le bien-être de ses bêtes.

1. Mon serpent a-t-il la place de se mouvoir ?

Loin de l’idée de critiquer le rack qui peut être utile dans certains cas (quarantaine, juv, maladie…) et bien qu’il n’y ait pas vraiment d’études relatives sur ce point, nous pouvons imaginer que n’avoir jamais la possibilité d’être complètement étiré, puisse à la longue créér des problèmes musculaires et squelettiques. La question ici doit simplement être de s’assurer que l’animal a la possibilité d’être au moins complètement tendu lors d’un déplacement dans son terrarium et ce, même s’il est vrai que la majorité des reptiles sont le plus souvent observés en position légèrement « lovée ».

Ces racks sont adaptés à de petites espèces terrestres ou fouisseuses, si possible pour une durée limitée
Ces racks sont adaptés à de petites espèces terrestres ou fouisseuses, si possible pour une durée limitée

2. L’environnement répond-t-il aux moeurs?

Pour reprendre le point 1, il est clair qu’un serpent arboricole devrait avoir la possibilité d’être en hauteur. À nouveau, il n’y a pas spécialement de critique vis-à-vis des racks, cependant, ces derniers sont souvent trop petits, non optismisés et l’animal finit par se blesser le rostre à force de frottements répétés contre la paroi supérieure.
Il y a également les semi-arboricoles. Tout comme Pantherophis guttatus ou Boaedon sp, ces serpents peuvent avoir une tendance arboricole notamment lors de la prédation de petits oiseaux. Fournir des branches en hauteur devient alors un excellent moyen d’observer des comportements de chasse. Par ailleurs, si le système de chauffage (s’il y en a un) provient du haut du terrarium, leurs offrir de quoi grimper peut leurs permettre de s’en rapprocher et ainsi de mieux se thermoréguler.

Credit: Tino Antilla – Ces terrariums sont adaptés à de petites espèces arboricoles (ophidiens, amphibiens, etc.) vivant dans des zones humides, boisées et dégagées

3. L’environnement possède-t-il des zones de sécurité

Entendez par là, un endroit ou l’animal peut clairement ne jamais être dérangé. Si l’on observe des perriers* (amas de pierres), on peut se rendre compte que les Vipera qui y vivent ont des zones de sécurité. Un serpent ne devrait être dérangé que le très stricte minimum et ce, dans de très rares cas. Si aucune zone de calme ne lui est proposée, il est probable, bien que impossible à définir scientifiquement actuellement, que l’ophidien vive un stress constant. Ce point ne traduit pas nécessairement qu’il en mourra ou ne vivra pas sa durée de vie. Cette zone ne devrait jamais être touchée ou modifiée par le soigneur. L’observation comportementale de chasse permettra de définir le moment ou fournir une proie à l’animal devient propice sans avoir à aller tout soulever pour déloger le serpent.

En plus de l’aspect de « calme », les serpents ont évolué conjointement aux biotopes dans lequel ils se fondent. Respectez une forme de mimétisme dans votre biotope peut avoir un aspect « apaisant » pour le serpent.

Pour la petite anecdote, j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’observer que mes Trimeresurus albolabris n’apprécient pas du tout être délogés de leurs supports. Elles ont alors tendance à éviter ce point ce qui entre en contradiction avec des observations in situ où le serpent retournait à l’endroit de son prélèvement. Malheureusement, dans le cadre de la terrariophilie, les « zones de calme » sont moindres par rapport à un biotope naturel et cela peut provoquer, entre autre, des situations d’ophiophagie (territoriale, etc.)

Structure de perriers - source: http://www.unine.ch/files/live/sites/karch/files/Doc_a_telecharger/Praxismerkblaetter/Reptilien/Notice_pratique_niches_pierreuse.pdf
Structure de perriers – source: http://www.unine.ch/files/live/sites/karch/files/Doc_a_telecharger/Praxismerkblaetter/Reptilien/Notice_pratique_niches_pierreuse.pdf
Structure de perriers - source: http://www.unine.ch/files/live/sites/karch/files/Doc_a_telecharger/Praxismerkblaetter/Reptilien/Notice_pratique_niches_pierreuse.pdf
Structure de perriers – source: http://www.unine.ch/files/live/sites/karch/files/Doc_a_telecharger/Praxismerkblaetter/Reptilien/Notice_pratique_niches_pierreuse.pdf

4. La santé du serpent

L’absence de signes visibles, entendez par là le refus de nourriture, les soucis de souffle, etc… ne sont pas forcément signes de mauvaise santé de son serpent. La problématique liée aux reproductions consanguines, aux croissances accélérées et aux mutations, fragilisent les espèces et sont vecteurs de nombres de maladies et tares génétiques. Bien que nous ne prônons pas les imports/exports, les critères liés à l’achat d’un animal devraient être revus par les terrariophiles. Un serpent légèrement moins gras que ses congénères n’est peut-être, finalement, pas le plus faible, mais celui dont les organes vitaux ont le moins de pressions dû au masses grasses. L’absence d’écailles cause également un problème de santé lié au manque de kératine. Un serpent avec une carence ou un surplus pondéral ne vivra pas nécessairement moins bien qu’un serpent non consanguin avec le bon taux de masse grasse, mais ne vivra pas forcément mieux pour autant ou plus longtemps. Par ailleurs, l’avènement des espèces scaleless ou mutantes n’est pas assez vieilles pour obtenir des données concrètes et médico-scientifiques de la santé des-dits ophidiens mais les résultantes de tares et de morts prématurées de certains individus peuvent laisser penser que cela ne joue pas pour leur bien-être physionomique.

Il y a également un aspect d’aseptisation. Si tout est toujours désinfecté, le serpent finit par perdre ses défenses immunitaires.

Concernant la nourriture, de nombreuses espèces mangent régulièrement de petites proies (Oxyuranius, Lampropeltis, etc. chassent en se déplaçant.) là ou d’autres mangeront 1 proie un peu plus grosse de temps en temps (Morelia, Bitis, etc. chassent à l’affût). L’étude de la prédation des ophidiens de manière globale et précise de l’espèce maintenue est a préconiser. Si un serpent a dans la nature régulièrement accès à de petits lézards, caloriquement faibles et adaptés à la forme longitudinale du serpent, il ne faudra pas le nourrir régulièrement aux rats, plus dense sur les calories et pas forcément adaptés à sa morphologie.

Nous nous faisons l'apologie du mal avec ce Python regius atteint de wobble
Nous nous faisons l’apologie du mal avec ce Python regius atteint de wobble

5. La fréquence

La nourriture, la contentions, le « flash » de l’appareil photo causent autant de stress que de problèmes de santé. Un serpent, dans la nature, mettra 3 à 4 ans pour arriver à maturité sexuelle, il n’est ainsi pas normal qu’un serpent d’un an le soit déjà dans le cadre de la terrariophilie. Ce point est lié à la nourriture. Pour ce qui est des contentions, l’animal ne vivra pas forcément un stress à être manipulé, mais cela n’est pas naturel pour eux et si, dans le cas d’espèces (semi-)arboricole, le bras peut servir de « support ». Cela ne justifie pas toutes les contentions et devrait être effectué uniquement dans un but d’observation en détails de l’animal ou de soins éventuels.

Conclusion

Il est tout à fait possible de se faire une idée précise des conditions de vie naturelles d’un serpent et de chercher à s’en rapprocher, sur un plan écologique (biotope et maintient) et éthique, à condition de s’intéresser réellement au mode de vie et à la santé de l’animal plutôt que de se complaire à sa mise en boxe, son (sur-)nourrissage et sa reproduction précoce.

sources:
*Perriers: http://www.unine.ch/files/live/sites/karch/files/Doc_a_telecharger/Praxismerkblaetter/Reptilien/Notice_pratique_niches_pierreuse.pdf
Aménagement d’habitat: https://www.arc-trust.org/habitat-management-handbooks
Soft epidermis of a scaleless snake lacks beta-keratin – M. Toni, L. Alibardi, (2007 European Journal of Histochemistry)