Reproduction

Les interprétations évolutives des stratégies de reproduction des serpents ont proliféré, reflétant trois caractéristiques majeures de la biologie de la reproduction chez les serpents: la diversité, la plasticité et la covariation avec d’autres traits.
Premièrement, ces animaux englobent une grande diversité de caractères reproductifs.
Deuxièmement, plusieurs de ces traits varient, soit par une adaptation locale, soit par des réponses directes à des indices proches.
Troisièmement, les tactiques de reproduction sont clairement liées aux caractéristiques de l’environnement ou à la morphologie et à l’écologie de l’espèce.

La reproduction implique à la fois des coûts et des avantages pour la forme physique d’un organisme.
Les bénéfices sont évidents (production de progéniture) mais les coûts conduisent aussi à l’évolution des tactiques de reproduction (Bonnet et al. 1999b, 2002).
La reproduction peut augmenter le risque de mort d’un serpent femelle par la faim, la prédation (Plummer 1997, Gregory et al. 1999) ou la maladie que ce soit par transmission sexuelle ou stress physiologique.
De même, elle peut avoir un impact important sur son équilibre énergétique en augmentant les dépenses métaboliques ou en sacrifiant les possibilités d’alimentation (Madsen & Shine 1993; et al.2002). Une telle énergie et ses coûts peuvent réduire son taux de croissance futur et, par conséquent, la fécondité probable (Bell 1980, Shine 1980).
Les coûts de mortalité sont si élevés chez les femelles chez certaines espèces de serpents que beaucoup ne produisent qu’une seule portée au cours de leur vie (Madsen & Shine 1992, 1994; Luiselli et al.1996, 1997; Brown et Weatherhead 1997; Bonnet et al.2002).
Il faut noter aussi que de nombreux reptiles femelles peuvent stocker des spermatozoïdes dans des réceptacles séminaux oviductaux pendant des années avant la fécondation.

Parade nuptiale
Parade nuptiale
Source: Chris Mowry

La concurrence des mâles

Chez certains serpents, tels que les mambas, la plupart des vipères et les crotales, les mâles se battent pour avoir le privilège de s’accoupler avec les femelles. Les deux rivaux redressent et entrelacent les parties antérieures de leur corps, en essayant de se renverser à terre.

Combat entre mâles
Combat entre mâles
Source: Ensie and Matthias

Moment saisonnier de la reproduction

Même sous les tropiques, la plupart des serpents se reproduisent de façon saisonnière (Fitch 1982, Vitt & Vangilder 1983, Shine et al., 1999a), reflétant peut-être les variations saisonnières sous-jacentes des niveaux de ressources, les taux de survie des nouveau-nés et / ou les coûts de reproduction.
Dans les climats froids, les besoins thermiques pour l’embryogenèse limitent la reproduction aux mois les plus chauds, ce qui impose une forte saisonnalité (Vitt & Vangilder 1983).
Une variation substantielle du moment de la reproduction peut se produire même au sein d’une seule population, et peut générer des variations importantes de la forme physique (Farrell et al.1995, Madsen et Shine)

Allocation d’énergie totale à la reproduction

Dans les limites fixées par le volume corporel maternel, la sélection affine l’investissement reproductif pour correspondre aux coûts énergétiques. Par exemple, les masses relatives des couvées peuvent être anormalement élevées pour les populations de serpents avec peu de prédateurs et de nourriture abondante (par exemple Gloydius shedaoensis, Sun et al.2002) et inhabituellement faibles si la grossesse nuit gravement à la locomotion maternelle. Des expériences de laboratoire démontrent que les niveaux de ressources locales peuvent considérablement modifier la production reproductrice chez les serpents femelles (Ford et Seigel, 1989; Seigel et Ford, 1991).

Fréquence de reproduction

Si la reproduction nécessite un comportement «risqué» (ex: pèlerinage fréquent) quelle que soit la taille de la couvée, la sélection devrait favoriser les femelles pour retarder la reproduction jusqu’à ce qu’elles puissent produire une grande couvée (Bull & Shine 1979).
De tels coûts indépendants de la fécondité sont répandus, en particulier chez les espèces vivipares qui doivent contenir la couvée pendant une longue période (Naulleau et Bonnet 1996).
Ainsi, de nombreuses couleuvres femelles n’entament pas de reproduction tant que leurs réserves corporelles ne dépassent pas une valeur seuil (Bonnet et al., 2002).
Cette valeur seuil est relativement invariante chez certaines espèces (par exemple Vipera aspis, Bonnet et al., 2001) mais fluctue au cours du temps dans les populations exploitant des ressources hautement stochastiques (par exemple Acrochordus arafurae, Liasis fuscus, Shine & Madsen 1997, Madsen & Shine 1999, 2000 b). Certains serpents comptent sur le «capital» (énergie stockée) pour la reproduction, dissociant ainsi temporellement l’acquisition d’énergie des dépenses.
D’autres s’appuient sur le «revenu» (énergie obtenue grâce à l’alimentation actuelle) et modifient les dépenses de reproduction en fonction des niveaux de ressources actuels (Shine & Madsen 1997, Brown & Shine 2002).
Le rapport entre le capital et le revenu varie également d’une année à l’autre au sein d’une même population (Bonnet et al., 2001).
Paradoxalement, l’un des aspects les plus importants de la reproduction des femelles chez les serpents peut être celui de nombreuses populations.

Sources
Reproductive strategies in snakes – Richard Shine, (2003)
wikipedia.org