Mise à mort des proies

Les deux cas les plus connus sont la constriction et l’envenimation. Cependant, les lois de la nature forcent les serpents à s’adapter à leurs proies et la mise à mort n’est par conséquent pas toujours aussi simple.
 

La constriction

C’est la forme de mise à mort la plus connue, la constriction est un schéma comportemental dans lequel les proies sont retenues par deux ou plusieurs points de pression le long du corps du serpent, généralement sous la forme d’une ou de plusieurs boucles autour de la proie. Contrairement à ce que l’on croyait, les serpents constricteurs n’étouffent pas leurs proies. En effet, cette dernière implique un arrêt du flux d’air dans le système respiratoire qui est couteux en temps, en énergie et en efficacité. Au final, une étude a démontré que les serpents sont sensibles aux battements du coeur de leurs proies et sont capables de détecter le rythme cardiaque de la proie pendant la constriction et de mesurer leur effort de constriction sur cette base ( Boback et al., 2012 ). La mise à mort n’est donc pas conséquente à un manque d’air, mais par manque de sang dans les organes vitaux (BOBACK, Scott M., HALL, Allison E., MCCANN, Katelyn J., et al. ).

Constriction par Epicrates cenchria cenchria
Constriction par Epicrates cenchria cenchria

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La constriction n’est pas toujours employée, en effet, une étude menée sur des Pythons, Boas, Pantherophis et Lampropeltis a démontré que la constriction sur des souris était utilisée si cette dernière avait un ratio égale ou supérieur à 90% du diamètre de la tête du serpent (LOOP, Michael S. et BAILEY, Lawrence G.).
 

L’envenimation

L’envenimation est la seconde forme de mise à mort la plus connue. Cette dernière agit de manière différente selon le type de venin. Nous détaillons ces différentes actions sur la page consacrée à la composition des venins.
Les contre-attaques des proies, qui possèdent souvent des griffes et des dents capables d’infliger des blessures fatales et peuvent dépasser la masse corporelle du serpent, sont une préoccupation importante compte tenu de la proximité des proies. Les vipéridés venimeux attaquent en sécurité relative: en un mouvement rapide, ils sortent de leur embuscade, injectent leur venin et rétractent leur tête, permettant ainsi à leur proie de lutter et de mourir à une distance sûre pour le prédateur (Kardong et Bels, 1998), à l’exception des proies volantes pour qui la fuite serait signe de perte nutritive, c’est notamment vrai sur certaines îles où les serpents ont dû apprendre à composer avec la migration des oiseaux.
 

Sans constriction ni envenimation

Principalement utilisée sur des proies beaucoup plus petites et présentant un faible risque défensif physique ou chimique que ce soit par l’absence totale de ses défenses ou parce que le serpent a développé des résistances à ses toxines.
 

Avec constriction et envenimation

Certaines espèces de serpents, telles que les Pseudonaja et les Ovophis utilisent à la foi la constriction et l’envenimation pour tuer leurs proies (JACKSON, Timothy NW, KOLUDAROV, Ivan, ALI, Syed A., et al.). L’étude précitée proposent trois raisons à cela:

  1. Le venin est de faible toxicité et donc lent à agir.
  2. Les crochets sont courts et ne permettent pas de traverser la couche épidermique des proies. La constriction permet donc de retenir la proie jusqu’à trouver une faille dans la carapace. L’exemple de proie citée est le scinque.
  3. Empêcher de perdre la trace de la proie qui s’échappe.
constriction et envenimation
constriction et envenimation

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Sources

BOBACK, Scott M., HALL, Allison E., MCCANN, Katelyn J., et al. Snake modulates constriction in response to prey’s heartbeat. Biology letters, 2012, vol. 8, no 3, p. 473-476.

LOOP, Michael S. et BAILEY, Lawrence G. The effect of relative prey size on the ingestion behavior of rodent-eating snakes. Psychonomic Science, 1972, vol. 28, no 3, p. 167-169.

JACKSON, Timothy NW, KOLUDAROV, Ivan, ALI, Syed A., et al.Rapid radiations and the race to redundancy: An investigation of the evolution of Australian elapid snake venoms. Toxins, 2016, vol. 8, no 11, p. 309.

http://snakesarelong.blogspot.fr/2017/08/how-many-snakes-are-venomous-constrictors.html