Symbolique

La symbolique du serpent est l´une des plus profondes et complexes. Il n´est guère de cultures et de mythologies qui n´aient leur Grand Serpent, presque toujours marin et ambigu, sinon ambivalent.

Serpents et dragons, amphisbènes, basilics, guivres, hydres, chimères, les monstres ophidiens sont présents sous de nombreuses formes dans presque tous les folklores. Ils y jouent deux rôles principaux : celui de gardien (légendes de la Toison d´Or, de saint Georges) ou d´initiateur (Fáfnir et Sigurd).

Le « Grand Serpent », le Trimégiste, cosmogonique ou cosmique, n´a cessé de hanter l´imaginaire des hommes, de Ras Shamra au Loch Ness; il cristallise les peurs, les angoisses, les désirs, les espoirs. On remarquera d´ailleurs que la figure serpentine est souvent présente dans les « hallucinations », chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes.

Le serpent ne peut être regardé en face, comme le Soleil dont il semble l´antagoniste parce que le serpent qui a les paupières soudées ne cille pas ni ne semble jamais dormir. Opposé au « Feu Primal », il est cependant fortement associé à la Terre à cause de son mode de déplacement. Puisque chthonien et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu´il connaît les secrets de l´après-vie et qu´il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose; il est souvent le hiérophante du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que Marduk). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l´avenir et le passé. Il est aussi associé à l´Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante. Il est l´être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu´il habite dans l´eau ou sur terre; rien d´étonnant alors que plusieurs mythes l´aient doté d´ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.

Le serpent est aussi l´animal qui se régénère puisque la saison venue il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l´une des plus vieille aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les Alchimistes pensent que la pierre philosophale est logée dans sa tête oblongue.

Il semble souvent s´opposer à un dieu, au Dieu, à l´aigle, symbole de Zeus, l’olympien qui affronte Typhon, le Satan qui s´oppose au Dieu biblique, Marduk et Tiamat, Thor pêchant Midgardsorm (terrifié et momentanément paralysé par son regard), Thraetona et Azi Dahaka en Iran, Apollon et Python, Héraclès et l´Hydre de Lerne, Saint Georges et le Dragon.

Toutes les traditions ont des reptiles titanesques et volants qui mêlent la puissance physique à l´intelligence, tandis que d´autres opposent au travers du serpent et du héros salvateur, la domination de l´esprit sur le corps, ou la domination de l´homme sur la nature, ou sa nature sauvage.

Quand il se mord la queue, comme dans certaines de ses représentations, par exemple l´ »Ouroboros », il est le symbole du cycle infini de la vie et de la mort. Il se retrouve non seulement en Grèce antique mais aussi dans de nombreuses civilisations sous un autre nom ; ainsi, le serpent qui enserre, en quelque sorte, l´entière création entre ses anneaux, entoure et comprend tout ce qui est, emblème de toute perfection.