Des terrariophiles donnent des chats à leurs serpents

Introduction

Nous pouvons régulièrement lire sur les réseaux sociaux des messages d’avertissements destinés aux éleveurs de chats quant au fait que des terrariophiles en recherchent pour nourrir leurs serpents. Qu’en est-il vraiment ?

Le contexte morphologique

Le chat pèse en moyenne entre 2,5kg et 4,5 kg pour une longueur totale à environ 60 à 70 cm, queue incluse. La hauteur moyenne des chats est de 20-25 cm.

Les serpents ont une moyenne morphologique longitudinale dont la longueur varie entre 10cm pour quelques milligrammes de poids seulement a 9 voir 10 mètres recensés sur Eunectes murinus, plus connu sous le nom vernaculaire d’Anaconda vert, et le Python réticulé dont le nom scientifique est Broghammerus reticulatus. Le poids total connu est de 250 Kg pour l’E. murinus.

La moyenne des espèces ophidiennes observées en terrariophilie ont des dimensions qui varient entre 60cm de long et 270cm pour un diamètre d’environ 3 cm à 5 cm et un poids ne dépassant que rarement les 8kg et sachant que ce poids concernent déjà les gros individus mais également qu’en terrariophilie, plus de 90% des espèces sont sur-nourries et donc en situation d’obésité.

À ce stade et à titre de comparaison, voici un chat de taille moyenne en face d’un serpent:

Chat et serpents
Chat et serpent

Le contexte nutritionnel

La prédation des espèces carnivores à l’état sauvage est principalement constituée de rongeurs, oiseaux, amphibiens et lézards. Ces proies, notez-le, sont les mêmes que les chats sauvages.

Comme pour tout animal, le régime alimentaire doit être un savant mélange de dépense d’énergie et de gain d’énergie. Trop peu manger n’offrira pas les réserves nécessaires à la chasse, la reproduction etc, tandis que trop manger ralentirait les chances de fuites face à un prédateur. Ni le serpent, ni le chat n’échappe à cette règle. Du moins, dans la nature.

En captivité, les serpents carnivores seront nourris dans la très grosse majorité des cas de souris de laboratoire (Mus musculus). Cependant, pour nourrir « correctement » (le terme n’est pas très approprié du au pourcentage d’obésité des ophidiens), il faut adapter la taille des proies à la taille du prédateur. Raison pour laquelle un éleveur de serpents de bonne taille (certains Boa constricteur, typiquement) atteignant 150cm pour un diamètre de 7-8 cm et un poids de 5-6kg pourrait sans problème manger une proie de la taille d’un lapin adulte (le lièvre faisant partie d’un régime alimentaire naturel).

Le poids d’un lapin commun en captivité est varie selon les espèces de 400 gr à 2,5kg pour une longueur atteignant maximum 50 cm. En ce sens, un lapin à les mêmes caractéristique qu’un chat.

Lapin sauvage
Lapin sauvage

À ce stade, on peut voir qu’un chaton passe largement en terme de proie pour un serpent au dessus de la moyenne rencontrée en terrariophilie. Cependant, pour le système digestif des serpents, les poils de chats et du lapin angora peut poser problème dû à leurs tendance à former des boules compactes et rendant toute digestion difficile. Cela ne signifie pas pour autant impossible.

Le contexte environnemental

Les loi Française et Suisse obligent les détenteurs de reptiles à faire une demande particulière pour la détention de serpent de plus de 3 mètres. Ceci n’empêche pas les maintenances illégales, ni les dérives nutritives, mais offre un premier palier pour la protection des chats d’appartement, qui, lorsque l’on discute avec les services de protections des animaux (SPA), sont reproduit en surnombre et trop peu contrôlés. Par ailleurs, certaines espèces en dessous de 3 mètres peuvent effectivement arriver à ingurgiter un chat – ces serpents ne sont cependant pas les plus fréquents en terariophilie.

Ainsi, pour pouvoir s’assurer de voir des Anacondas verts ou des Pythons réticulés il est judicieux de se rendre là où ils vivent à l’état sauvage. Ce sont ces mêmes lieux où il n’est pas impossible de croiser bon nombres de chats errants. Par ailleurs, il arrive également régulièrement que ces serpents (surtout le Python) se retrouvent proches d’habitations. Cela est normal du fait que la nourriture humaine attirent les rongeurs, qui eux, attirent les reptiles, les chats, les rapaces, etc. et ce, en même temps que le biotope naturel se dégrade.

À ce stade, des prises de photos recontextualisées sont faciles à faire pour prouver ce que l’on dit. Cela s’appelle le biais cognitif. Une technique très appréciée de la société de consommation (le marketing).

Le biais cognitif
Le biais cognitif

L’hypocrisie respective des milieux canins et terrariophiles

Les propos haineux vont bon train lorsqu’il s’agît de se demander à qui la faute entre passionnés de chats et passionnés de reptiles sur la distorsion de la réalité ou les éventuels rares « incidents » rendus publiques. Malheureusement, ces derniers sont excusables. Le cerveau humain n’a pas évolué depuis de plusieurs milliers d’années et est donc obligé, pour la sécurité de la vie à laquelle il est en charge, d’être en alerte de tout élément choquant. En occident, un chat blessé ou mangé est un élément choquant. Hors, dans d’autres régions du globe, ceci est normal.

La haine engendrant la haine, les opposés se mènent une guerre dénuée de sens puisque l’unique responsable pourrait être le besoin qu’à l’être humain à s’approprier ce qu’il apprécie et à chercher à le protéger dans des contextes basés sur les seuls éléments qui engendrent une forte réaction émotionnelle telle que la colère ou l’injustice. Il est intéressant d’observer (et de démontrer) que les débats qui font ragent entre les éleveurs de chats et les terrariophiles n’existent pas entre les éleveurs de souris et les terrariophiles puisque il est communément accepté qu’un ophidien mange de petits rongeurs.

Il est également intéressant d’observer que les reptiles, à l’instar des chats, sont malheureusement enfermés dans des boites à dimensions très variables et parfois sérieusement douteuses là où ils devraient être en liberté, tout comme les félins. Leurs reproductions sont donc « facilement » (terme facile) contrôlées, à nouveau, à l’inverse des chats (qui selon cet article représente un problème écologique majeur).

Rappelons-nous, que l’on soit terrariophile ou éleveur de chat, que les rôles peuvent à tout moment être inversés (d’ailleurs l’un n’empêche pas l’autre):

Conclusion

Qui est en tord? Nous ne nous posons pas la question puisque nous prônons l’art de vivre et laisser vivre et préférons ne pas nous baser sur une image dont nous ne connaissons pas le contexte originel, probablement différant de celui diffusé.