Les opistodontes, espèces venimeuses ?

Introduction

Heterodon, Leioheterodon, Thamnophis, etc… Les opistodontes sont-ils venimeux? C’est un débat qui fait régulièrement polémique sur les réseaux sociaux. Nous y répondons avec des points scientifiques.

Ceux qui pensent que ce n’est pas venimeux

Ils comparent souvent les espèces venimeuses aux risques de mortalités ou d’effets secondaires « graves », par exemple, Thrasops jacksonii est considéré venimeux et dangereux de part la toxicité de son venin (qui n’a jamais tué personne à ce jour), tandis que l’Heterodon, possédant pourtant le même type de dentition, ne l’est pas.
Ce qui est étonnant chez ces gens-là, c’est que pour eux, et à juste titre, une abeille ou une guêpe est bel et bien considérée comme venimeuse. En effet, l’argument principal est que s’il y a « injection » ou « inoculation » d’enzymes et de protéines, il est donc naturel que ce soit venimeux. Hors, pour le cas des Heterodons et consors, il y faut un temps de « mâchouille » pour que la morsure puisse avoir une conséquence. Les dents ne sont pas reliées à proprement parler à une glande à venin et cela justifierait que ce ne seraient donc pas naturellement des espèces venimeuses. L’absence de décès imputés, à ce jour, à ce type de mâchoire joue aussi, pour le moment, envers cet argument.

Ceux qui pensent que c’est venimeux

Ils ne sont pas plus rares et partent plutôt du principe que vu que les symptômes sont similaires à des espèces venimeuses et qu’il y’a présence de glandes de Duvernoy, c’est venimeux. Les plus avancés iront alors plus loin dans leurs idées et parleront souvent de « cas connus ». Sans trop chercher sur Internet, il est possible de trouver des récits scientifiques d’envenimations (non létales) par le genre Heterodon depuis 1985 (MORRIS, Michael A.).

Ce que dit la science

En fait il est intéressant de constater que dans les deux camps, il y a conflits sur le terme « venimeux ». Les Heterodons et autres opistodontes le sont-ils donc vraiment ? Pour répondre à cette question, il est d’abord important de poser les bases de ce qu’est considérée comme venimeux ou non venimeux. Ainsi, sur le plan biologique, dès qu’il y a présence de toxines, on parle de venimeux (Françoise Serre-Collet, communication personnelle, 2018, Matthieu Berroneau, communication personnelle, 2018), par ailleurs, la définition de Wikipédia est relativement claire:

On appelle venin toute substance toxique produite par des animaux et destinée à tuer ou paralyser leurs proies. Les venins sont souvent des mélanges complexes de substances chimiques variées, surtout des enzymes qui servaient probablement originellement à faciliter la digestion des proies.

Plus scientifiquement vérifiable que des communications personnelles auquelles, en tant que lecteur, vous n’avez pas accès,  un rapide coup d’oeil sur des sites scientifiques sérieux tels que scholar.google, academia.edu, jstor, bioone, ncbi, etc.. nous donnent des réponses claires, nettes et précises et ce, rien qu’en lisant les titres des recherches confirmées et validées scientifiquement. Ici, un simple exemple:

  • « Local envenoming by the Western hognose snake (Heterodon nasicus) » – Envenimation locale par Heterodon nasicus

On parle donc bien d’envenimation dont la définition est la pénétration d’un venin dans l’organisme.

Composition des venins

Bien que nous en parlons plus en détails sur la page des compositions de venins, il est important de faire un grossier rappel. Le venin se compose d’enzymes et de toxines ayant pour chacun des éléments qui le composent, différents objectifs et par conséquents, différents symptômes. Que l’on soit un opistodonte, une abeille, un amphibien, ou un taipan, seules la rapidité et l’importance de l’envenimation seront influencées, les symptômes dépendants des composants du venin, de leurs modes et rapidités d’actions ainsi que la sensibilité de la victime à ce venin (son état de santé, son âge, l’environnement).

Si l’on constate une morsure d’Heterodon, les effets sont de types hémotoxiques et caractéristiques de la présence d’enzymes (MORRIS, Michael A., AnimalDiversity, WEINSTEIN, Scott A. et KEYLER, Daniel E.)

Conclusion

Une « mâchouille » d’espèce opistodonte provoquera donc au minimum quelques réactions, qui, bien que dans la majorité des cas, soient bénignes, sont provoquées par différentes enzymes présentes et bel et bien inoculées (le « mâchouillage » créant une ouverture (plaie) dans la peau permettant la pénétration du venin et le passage des enzymes). Nous parlons donc bien d’envenimation et par conséquent, d’espèce venimeuses, quelle qu’en soit la finalité.

Il est triste de constater que peu de terrariophiles sont conscients, voir renseignés, des espèces qu’ils possèdent ainsi que de leurs écobiologies. Bien que les espèces généralement interpellées par ce débat, présentent un faible risque pour l’homme, quelques cas plus importants, sur lesquels il ne faut pas tout généraliser, ont déjà eu lieu et ne doivent cependant pas être minimisés.

Heterodon nasicus - pixabay - Cette petite couleuvre est bel et bien venimeuse
Heterodon nasicus – pixabay – Cette petite couleuvre est bel et bien venimeuse

Sources