Interview de l’herpétologue Matthieu Berroneau

Bonjour Matthieu, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Bonjour,
Matthieu Berroneau, je suis un «herpétologue » basé dans le sud-ouest de la France. Je travaille à l’association Cistude Nature, une association de protection de la nature, qui couvre le territoire de l’ex-région Aquitaine. Dans le cadre de cette activité, je mène des actions de conservation et d’acquisitions de connaissances à l’échelle de la région Aquitaine.

Par ailleurs, je suis co-fondateur de l’association Atheris, une association « pour la connaissance des Amphibiens et Reptiles du Monde ». Cette association vise à faire connaître l’herpétofaune du monde, par le biais d’expéditions photographiques et filmographiques. Dans le cadre de ces voyages, nous essayons d’observer in natura des espèces remarquables, que ce soit de part leur physique, leur écologie, ou encore leur rareté. Dans la mesure du possible, nous essayons également de valoriser les actions de conservation menées sur place par les herpétologistes locaux. Nos voyages, photos et vidéos sont compilées sur www.atheris.earth.

Le logo d'Atheris.earth
Le logo d’Atheris.earth

Enfin, j’ai un statut d’Auteur Photographe qui formalise mes travaux photographiques, principalement en lien avec la thématique des Amphibiens et Reptiles. Je pratique la photographie de façon intensive depuis de nombreuses années maintenant, et ma photothèque se complète de jour en jour. Vous trouverez quelques exemples de mes réalisations sur mon site photo : www.matthieu-berroneau.fr
 
Pouvez-vous définir le métier d’Herpétologiste ?
Un herpétologiste, ou herpétologue, est une personne qui travaille sur la thématique des reptiles (et des amphibiens). Cette dénomination peut donc regrouper des métiers assez éloignés, allant du naturaliste de terrain, qui mène des inventaires ou des actions de conservation à destination des reptiles et amphibiens, au chercheur, qui mène des travaux de recherche sur une thématique en rapport avec les reptiles ou les amphibiens.

Lachesis stenophrys - Crédit: Matthieu Berroneau
Lachesis stenophrys – Crédit: Matthieu Berroneau

 
Quel parcours scolaire faut-il pour devenir Herpétologiste ?
Le parcours diffère quelque peu en fonction du poste final recherché. Je vais donc prendre mon profil comme exemple, qui se rapproche d’avantage des herpétologues « naturalistes ».

Pour ce genre ce profil, un cursus universitaire classique en écologie ou en biologie des populations est suffisant. Les niveaux de recrutement varient généralement entre le bac+3 et le bac+5.

A part quelques rares exceptions, l’herpétologie n’est pas enseignée dans les cursus universitaires. Les personnes visant ce métier se forment généralement sur le tas, en parallèle du cursus universitaire, en réalisant des sorties naturalistes, en rencontrant le réseau et les spécialistes, etc. Les herpétologues sont donc généralement de grands passionnés !
 
Quel est selon vous les premières qualités d’un bon Herpétologiste ?
Un bon herpétologue doit d’abord avoir une bonne connaissance générale sur les espèces,  leurs écologies, leurs milieux de vie, et bonne compréhension des écosystèmes naturels dans leur ensemble. Il doit être persévérant, voire entêté, et ne pas se décourager facilement. Enfin, le sens de la communication et l’envie de transmettre sont à mon avis essentiels lorsque l’on travaille sur la thématique des reptiles, et plus particulièrement des serpents.
 
Qualités et défauts du métier ?
Il s’agit d’un métier de terrain, où nous faisons « corps » avec à la nature. C’est un métier passionnant où les découvertes se succèdent jour après jour. A l’inverse, la saison d’activité est très saison ou météo-dépendante, ce qui est souvent frustrant, et complexifie les plannings de travail. Enfin, les combats menés pour lutter contre l’avidité de l’homme à détruire la nature (de part, par exemple, la destruction directe des animaux, ou via l’augmentation sans fin des travaux d’infrastructures) peuvent être assez fatigants voir déprimants.
 
Avez-vous une anecdote positive ou négative de votre métier?
Disons que une phrase me revient très souvent lorsque l’on me demande mon métier. J’entends souvent comme réplique : c’est un métier ça ? Non mais vraiment, dans la vie, tu fais quoi exactement ?
 
Quelles sont les méthodologies principalement utilisées sur le terrain ? A quel but ?
Suivi par plaques-abris, radio-télémétrique, Capture-Marquage-Recapture, GPS, suivi popamphibiens et popreptiles, etc. Les méthodologies et les techniques de suivis ou d’inventaires sont extrêmement variées et correspondent chacune à une question scientifique ou à un but bien précis, permettant de répondre à des problématiques diverses : quelles sont les espèces présentes sur ce territoire, cette population est-elle dans un bon état de conservation et quelles sont les tendances, quels mesures de gestion ou de conservation mettre en œuvre…
 
Que pensez-vous qu’il faut pour une bonne cohabitation hommes-reptiles ?
En premier lieu, l’homme doit s’ouvrir à la nature, l’accepter et mieux la comprendre. Ensuite, il va devoir accepter de réduire son impact sur le milieu naturel, au détriment de son petit confort. Ces deux points, valables pour la majorité des espèces, le sont tout particulièrement pour les reptiles.
 
Comment se passe la surveillance/le recensement des populations ?
Il existe aujourd’hui des protocoles nationaux voir européens, dédiés à la surveillance des populations de reptile et d’Amphibien. De façon générale, cette surveillance/ce recensement passent par une coordination importante de l’ensemble des acteurs de terrain travaillant sur cette thématique.

Vipera aspis - Crédit: Matthieu Berroneau
Vipera aspis – Crédit: Matthieu Berroneau

 
Que pensez-vous de la réintroduction de reptiles dans leur milieu naturel ?
Je ne suis pas forcément contre si celle-ci est réalisée dans les règles de l’art et avec toutes les précautions nécessaires. Mais il conviendra d’abord de s’assurer du bon état de conservation du site de réintroduction et de sa capacité réelle d’accueil. De façon générale, j’ai tendance à privilégier la conservation des populations existantes, qui reste généralement la priorité.
 
Que pensez-vous de la terrariophilie ?
Je ne suis pas très fan de la terrariophilie. Je veux bien comprendre que l’on prenne plaisir à voir un bel animal dans un beau terrarium, mais j’ai personnellement trop l’habitude d’observer les serpents en liberté dans leur milieu naturel. Et je passe sur les personnes qui collectionnent des dizaines d’individus dans des petites boîtes en plastique bien rangées au fond du garage…
 
Que pensez-vous du commerce de reptiles ? Ces points positifs et négatifs?
Le principal problème du commerce de reptiles vient de « commerce », et donc de toutes ses dérives, comme dans tous commerces aujourd’hui. Des dérives qui entraînent de fait des collectes dans le milieu naturel, de la maltraitance, ou encore des introductions d’espèces exotiques…
 
Un mot de la fin ?
Et bien, rien de spécial, merci de t’intéresser au sujet, et merci de travailler à une meilleure connaissance des reptiles de ce monde !
 
Merci à vous ! Je rappelle votre présence sur Internet avec:
 
Votre site / Votre  flickr
Votre association Atheris.earth
Cistude Nature